Gros Coup de Massue...
Je m'y attendais un peu, en même temps, il n'y a qu'à lire l'argument :
"À quelques mois d'intervalle, la vie m'a rendu témoin des deux événements qui me font le plus peur au monde : la mort d'un enfant pour ses parents, celle d'une jeune femme pour ses enfants et son mari.
Quelqu'un m'a dit alors : tu es écrivain, pourquoi n'écris-tu pas notre histoire ?
C'était une commande, je l'ai acceptée. C'est ainsi que je me suis retrouvé à raconter l'amitié entre un homme et une femme, tous deux rescapés d'un cancer, tous deux boiteux et tous deux juges, qui s'occupaient d'affaires de surendettement au tribunal d'instance de Vienne (Isère).
Il est question dans ce livre de vie et de mort, de maladie, d'extrême pauvreté, de justice et surtout d'amour. Tout y est vrai."
Là, les mots me manquent. Ca fait 6 ou 7 fois que j'essaye de vous faire une petite note là-dessus et que je finis par tout effacer. Je l'ai refermé la semaine dernière et j'y pense encore, énormément. C'est un livre sur le fil, en permanence. Un peu en déséquilibre au niveau de la construction, ce sera mon seul bémol.
Mais sur le ton, sur les mots, sur cette manière (sobre) de raconter l'effroyable, la peur, la souffrance, l'agonie, le chagrin, rien à dire. Qui plus est, l'écrivain témoin de ces tragédies ne se donne pas le beau rôle mais raconte comment, inévitablement, ces deux drames ont influencé le cours de sa vie.
A titre personnel, il m'a valu bien des larmes et de bonnes nuits blanches, réveillant des souvenirs terribles autour de la disparition de ma mère, et des questions qui resteront sans réponse. Pourquoi s'infliger une telle lecture, alors ? Parce que c'est un très beau livre, simplement, empreint d'humanité.
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Il y a peu, une amie de longue date me demandait des conseils de lecture ; comme je lui parlais des livres qui m'ont récemment marquée ("La porte des enfers" ou "Où on va, Papa ?"), elle se demandait quel plaisir je pouvais prendre à lire des livres aussi noirs, des histoires "où l'on s'en prend aux femmes, aux enfants, aux faibles" (sic)... Je me suis trouvée bien embarrassée pour lui répondre. Il est vrai que je lis un peu de tout, du léger et du difficile, ma curiosité en matière de livres n'a guère de limites. Je compte sur chaque titre pour m'apporter quelque chose (comme une petite brique sur un mur), et pas nécessairement (pas seulement, en tout cas) de la distraction. L'ouvrage d'Emmanuel Carrère m'a bouleversée, m'a remuée, m'a fait réfléchir...
Qu'en pensez-vous ? Qu'attendez-vous d'un livre ? Serait-ce "malsain" ou "voyeuriste" de lire un livre comme celui-ci ? Que penser alors de son succès en librairie ?