Le rire de Sylvia Plath
Ce pourrait être une histoire tristement banale : une
rencontre, un mariage, des enfants, puis la trahison, l'adultère, la
séparation, la souffrance. Sauf qu'il est question ici de deux poètes
majeurs du 20e siècle, Sylvia Plath et Ted Hugues. Sauf que Sylvia est
immensément fragile et finira par se donner la mort, et que ce sera la
première d'une terrible série de drames autour de Ted qui n'épargneront
ni ses enfants ni son amante, la belle Assia, écrasée par le souvenir de
la défunte.
S'appuyant sur les témoignages de différents témoins
(famille, amis, médecin,voisins), l'auteur raconte l'histoire de ce
couple "volcanique" qui semblait, de l'avis général, voué à la tragédie
dès le commencement, puisque Sylvia n'en était pas à sa première
tentative de suicide, parce que les signes étaient là, dans la violence
de ses écrits, dans le poids de son histoire familiale, dans le poids
insupportable de l'absence du père.
Si j'ai trouvé les portraits
parallèles de Sylvia et Assia très touchants et me donnant envie de
découvrir leur œuvre, Claude Pujade-Renaud recourt dès les premières
pages aux métaphores animalières pour caractériser le trio et souligner
sans doute la "part animale" de chacun - ainsi Ted est-il le fauve, le
chasseur, le pêcheur, le braconnier, Sylvia la louve, Assia la loutre,
les personnages se reniflent, hument... Le roman commence et finit même
par le mot "Zoo"- un procédé qui devient vite agaçant par son
systématisme.
{Les Femmes du Braconnier, Claude Pujade-Renaud, Actes Sud}