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Jeudi ~
Je ne conduis pas. Les seules fois où je me le suis
amèrement reproché, c'est lorsque Mon Fils a été hospitalisé. Comme
hier.
La dernière fois nous sommes repartis de l'hôpital avec un
traitement de fond pour l'asthme pour 6 mois. J'ai demandé : "Et après les 6 mois, on
fait quoi ?" Sourire navré en face : "Vous revenez nous voir, si
besoin". Fin décembre lorsque le traitement a pris fin on savait donc
déjà à quoi s'attendre : le prochain virus qui traine, c'est la crise.
Mardi
soir, début de toux. Mercredi matin, grosse toux. Oho. On ne bouge pas
de la maison, je surveille, la matinée se passe bien ; à midi il
commence à se plaindre un peu, mal au ventre pas faim, je commence la
ventoline. Vers 16h ça se gâte, je passe à célestène+ventoline,
j'échange des mails, appels et sms de plus en plus affolés avec le papa,
impossible de joindre le pédiatre, je prends rv à 18h avec la
généraliste qui est juste à côté. Mon fils s'endort, se réveille en
pleurant, se rendort. 18h, toubib : "Ah ben faut le surveiller, lui
redonner de la ventoline", euuh non là M'dame je peux plus lui en
donner, je fais quoi ?? "Ah bah peut-être partir à l'hôpital si ça va
pas mieux" dit-elle devant mon garçon dont l'état se dégrade à vue
d'oeil. Je sors de là au galop, quelle conne je suis, quelle perte de
temps, Hop le doudou+goûter+livre jetés dans un sac, le papa est enfin
rentré, on commence à se disputer sur le ton "Tu aurais pu me dire
carrément qu'il fallait l'emmener à l'hôpital !! - J'ai pas arrêté de
t'envoyer des messages tout l'après-midi, si tu n'avais pas compris
qu'il y avait un problème....", hop dans la voiture, et moi je reste
stupidement à la maison, on ne peut pas emmener le plus petit à
l'hôpital et je n'ai personne pour le garder.
Je
commence à tourner comme un lion, je m'occupe du bain, du repas.
Lorsque Chéri m'envoie un sms "Bouchon sur la route", je fais une crise
de panique, et si c'était trop tard et quelle conne et pourquoi j'ai
perdu du temps et pourquoi je lui ai pas demandé de rentrer
immédiatement et pourquoi je conduis pas... je me planque dans la salle
de bains pour pas que son petit frère me voie. Je lui explique la
situation simplement même si je ne sais pas ce qu'il en saisit et je le
couche comme d'habitude. Et j'attends, mon portable scotché dans la
main. Je tourne, je vire, je me vautre devant la télé à regarder des
séries sans les voir, je mange n'importe quoi, je m'énerve, je
pleurniche. Je traine un peu sur le net. Je range, lave, trie. Je
voudrais parler à quelqu'un, mais à qui. A défaut j'écris ces lignes
pour vider un peu mon sac et ma peur. Je suis pas bien, je suis pas
bien, je suis pas bien...
Enfin des nouvelles vers 21h-22h-23h, je
connais la procédure, j'imagine mon loup installé dans un couloir avec
le masque sur le nez, plus qu'à attendre. Son père est optimiste, la
crise semble moins grave que l'an dernier (pas difficile en même temps,
il a failli mourir). Je prends "Rosa Candida", je suis rendue à
la moitié du livre et j'essaye de me plonger dedans. Je le repose, le
reprends. 1h plus tard je l'ai fini, je ferme les yeux un moment, boum
message à 0h30 : on reste pour la nuit. J'appelle pour embrasser mon
garçon, il est un peu shooté et n'arrête pas de rigoler.
Je ne dors
pas, je regarde les heures défiler, à 6h mon p'tit père se réveille, je
lui donne le biberon dans mon lit et le garde près de moi. "Il est où Papa ??"
Je laisse un message à l'école, j'ai
la voix qui bêle.
Je prépare mon sac. La prochaine nuit ce sera mon
tour de veiller.
~
Samedi ~
Il est sorti hier midi avec un nouveau traitement pour 3
mois (et après ?). Je le surveille car il traine toujours sa bronchite.
Il a des grandes cernes toutes bleues malgré une bonne nuit de sommeil.
Il a de l'énergie à revendre (imagines, un zébulon enfermé pendant 3
jours dans une chambre d'hôpital !), en tout cas plus que ses parents.
Je pleure pour un rien, devant le soutien chaleureux - ou l'indifférence
- des amis ou de la famille, besoin d'un peu de repos je crois. Je
reviens dans quelques jours quand j'aurai les idées moins noires
embrumées.
Prenez soin de vous !