Une Ballade d'Amour et de Mort
Angleterre, milieu du XIXe siècle : en réaction à un enseignement académique conventionnel et figé, de jeunes peintres - John Everett Millais, Dante Gabriel Rossetti, William H.Hunt entre autres - se regroupent en Confrérie Préraphaélite, inspirée par l'art médiéval, la religion, la poésie ou le théâtre, souhaitant une peinture "plus pure, plus sincère et plus proche de la nature". Je suis sûre que ces tableaux représentant de jeunes femmes aux lourdes chevelures vous évoquent quelques idées romantiques :
{Lady Lilith, Rossetti, 1873 ~ L'enchantement de Merlin, Burne-Jones, 1874 ~ Le Huguenot, Millais, 1852 ~ Venus Verticordia, Rossetti}
L'exposition qui se tenait à Orsay jusqu'à fin mai, très joliment intitulée "Une Ballade d'Amour et de Mort", cherchait à explorer les relations entre cette période artistique et la photographie, alors à ses balbutiements, en mettant en parallèle tableaux et photos, parfois des mêmes lieux et des mêmes personnes. J'ai surtout retenu de ma visite la partie consacrée aux portraits, vraiment frappante, en particulier ceux de Jane Morris peinte par Rossetti.
{La Robe de soie Bleue, 1868 ~ Proserpine, 1874}
... Parmi les proches du cercle Préraphaélite, Julia Margaret Cameron qui met en scène de jeunes filles en/aux fleurs particulièrement touchantes :
{Le Tournesol ~ Maud}
... et un certain Charles Lutwidge Dodgson (Lewis Carroll) :
{Amy Hugues, 1863}
Je regrette que certaines des oeuvres les plus fameuses du mouvement n'aient pas été disponibles pour l'exposition, notamment Ophélie de Millais, inspirée d'Hamlet :
Si Millais a peint le paysage d'après nature au bord d'une rivière, pour représenter Ophélie il fit poser son modèle, Elizabeth Siddal, dans une baignoire réchauffée par des lampes placées en dessous. Les lampes s'étant éteintes lors d'une séance, la jeune femme en sortit avec une jolie pneumonie et son père menaça le peintre d'un procès jusqu'à ce qu'il accepte de payer les honoraires du médecin. {Source Les Préraphaélites, un modernisme à l'anglaise, Laurence Des Cars, Découvertes Gallimard}
"De loin, il faut l'avouer, l'Ophélie de M.Millais a un peu l'air d'une poupée qui se noie dans une cuvette ; mais approchez, et vous serez ravi par un monde prodigieux de détails." (Théophile Gautier)
Ma petite histoire d'eau pour Chrys & Zaza en ce "Lundi parmi tant d'autres".
Bon début de semaine à tous !