"Quai d'Orsay" ou les Coulisses de la Diplomatie

Voici à nouveau l'occasion de comparer un ouvrage à son adaptation. Cette fois, il s'agit du premier tome de la bande dessinée de Abel Lanzac (qui y raconte sa propre expérience) et Christophe Blain, "Quai d'Orsay" (Dargaud) que Bertrand Tavernier a décidé d'adapter après l'avoir lu en une nuit, raconte-t-il. 

Arthur (Raphaël Personnaz), jeune diplômé de l'ENA, est embauché pour écrire les discours ("chargé de langage") du Ministre des Affaires Etrangères. Avec lui nous découvrons les coulisses du monde doré, codé et complexe de la diplomatie, ses subtilités et (surtout) ses absurdités. Le Ministre dont il était question dans le livre y était très aisément reconnaissable, et sur grand écran on assiste au même festival de brassage de vent (avec feuilles de papier voltigeantes) et de formules ampoulées... et pourtant on le trouverait presque sympathique ce ministre, avec sa passion pour Héraclite et le surlignage au stabilo jaune ! Difficile exercice que celui de se servir d'une réalité tout sauf fantaisiste - après tout, ces gens-là ont juste l'avenir du pays entre leurs mains, et doivent régler des conflits à hauteur internationale dans le chaos permanent, quand ils ne sont pas occupés à se tirer dans les pattes - pour faire une comédie, mais Monsieur Tavernier arrive à atteindre ce délicat équilibre : éviter la caricature et le "tous pourris", arriver à faire rire de ses personnages sans les rendre non plus ridicules. 

Certes, j'ai des réserves, j'avais notamment quelques craintes sur Thierry Lhermitte, elles n'ont pas toutes été balayées  : quand Lhermitte joue, je vois le comédien, pas son personnage ;  il faut dire aussi qu'il y a un acteur qui domine tous les autres grâce à un personnage incroyable de Directeur de Cabinet, imperturbable et drôlatique phare du ministère, c'est Niels Arestrup. Autre réserve sur une fin abrupte et l'effet bizarre (même si c'est toujours sympathique) de trouver un bêtisier en fin de film, comme si on venait de voir "Bienvenue chez les Ministres". Qu'importe, le film permet de passer un bon moment, de rire et de réfléchir, d'ailleurs je te laisse avec cet aphorisme d'Héraclite : "Si toutes choses devenaient fumées, les narines les connaîtraient"... Non ?

{Quai d'Orsay, un film de Bertrand TAVERNIER, sortie le 6 Novembre 2013}

★

Comments

[Bazaart]

ah j'ai eu vent de ce projet il y a maintenant presque deux ans lorsque j'avais passé plusieurs jours avec la fille de Tavernier, en tout bien tout honneur évidemment puisque nous étions membre du meme jury au Festival d'Annonay...elle exprimait alors ses doutes sur ce projet qui pour elle n'était pas du tout dans la veine de ce que savait faire son paternel... moi meme ayant adoré la BD (enfin les deux mais j'avais pas encore lu le second tome), j'avais des doutes sur la pertinence de cette adaptation... et je t'avouerai que j'avais des doutes aussi sur le choix de Thierry Lermitte et dans la bande annonce j'ai le meme probleme que toi : je vois Lhermitte ( que j'ai toujours trouvé pas terrible comme acteur )mais pas du tout un ersatz de De Villepin...par contre Arestrup dans le role de Maupas, c'est une idée géniale, déjà dans la BD je pensais à lui avant meme de savoir qu'il jouait le role....

[mydiscoveries]

Je n'ai pas lu la BD mais je pense que j'irai voir le film!

[anyuka]

Oh quelle chance, il faut absolument que je postule l'an prochain !

[jonalys precious]

Je l'ai vu fin septembre car j'ai eu l'occasion de participer au grand prix cinéma ELLE et je dois avouer que j'avais super bien noté ce film car pour une comédie politique, elle est très bien enlevée, dynamique et j'avais passé un très bon moment, surtout la scène du stabilo ! J'ai adoré !

Si cela te dis, tu peux retrouver mon article sur ce grand prix ici : http://wp.me/p2u6N8-F0

[anyuka]

Moi aussi j'avais de grosses craintes, mais ça passe plutôt bien !