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C'est quoi ce bazar ?
3 juin 2014

Comment j'ai survécu à ma première sortie scolaire

Village-des-damnes

Je te vois, tu as levé un sourcil : "comment ça, la première sortie ?? mais ils ne sont pas déjà majeurs, ses monstres ?" Oui, presque, à bientôt 6 et 9 ans, on peut dire que l'entrée dans la vie active n'est pas très éloignée, mais avant cela il reste quelques étapes épreuves nécessaires dans une existence de maman, et jusqu'à présent j'avais réussi à échapper à certaines. Ok, ce n'est pas joli joli comme aveu, mais pour ma défense saches qu'avant l'entrée à l'école de Maximonstre je souffrais déjà de phobie sociale (ce n'est pas tout à fait une blague) et qu'à l'idée de devoir affronter rencontrer de nouvelles têtes, maîtresses, parents, enfants, je me liquéfiais. C'est simple, la perspective d'une réunion, d'un entretien avec l'instit, ou (horreur des horreurs) l'organisation d'un goûter d'anniversaire hantait mes nuits les plus sombres... Rassures-toi, je me suis depuis un tout petit améliorée (ce qui ne m'empêche pas, de source de concierge bien intentionnée, d'être considérée comme une sauvage), alors ok c'est pas sympa pour les autres parents, souvent les mêmes à se dévouer pour les sorties, mais depuis que j'ai entendu un jour deux mères se crêper le chignon devant une classe parce que l'une avait chouré la place de l'autre à la sortie de fin d'année, j'ai perdu quelques scrupules.

C'était sans compter sans les Minimonstres. "Mamaaaan, pourquoi tu fais pas les sorties avec nous ?" (yeux de Chat Potté). Et sans la volonté de l'aîné qui me fit la douce surprise d'un mot dans son cahier de liaison : "Madame, Maximonstre m'a dit que vous seriez disponible pour nous accompagner demain après-midi à la bibliothèque..." Merci, mon chéri. Mon estomac se tord comme une serpillère qu'on essore. On veut me confier la responsabilité d'une classe ?? à moi qui cherche mon téléphone quand je suis en train de parler dedans ? d'accord, j'ai fini par m'habituer aux enfants, il m'arrive même le mercredi d'en avoir un petit paquet à la maison que je n'ai pas eu l'honneur d'enfanter, mais 26 enfants ?? et s'ils me bizutaient ? et si j'en perdais un ? j'aurais bon recompter il en manquerait toujours un, m'obligeant à en choisir un au hasard dans la rue ("ah mais moi on m'en a confié 26, je vous en rends 26, on m'a pas demandé de vérifier les identités !"), et si des pervers étaient à l'affut dans tous les buissons, prêts à distribuer des cartes pokemon à l'acide ?
Donc, c'est l'esprit tout à fait serein et les boyaux vidés que je me présente devant l'école, priant Sainte Gudule que la maîtresse s'exclame "Ah mais je n'ai pas besoin de vous, en fait !", au lieu de ça elle passe sans s'arrêter devant moi "Bonjourmercid'êtrevenue", flanquée d'une lignée de moutards qui me fixent d'un air ouvertement hostile curieux, parmi lesquels je croise le regard tout fier de mon fils (je me redresse) et j'attrape la fin de la file comme la queue du Mickey.

La maîtresse est jeune, jolie, douce - je la déteste, donc. Marche trèèès vite, je me laisse déjà distancer, je me mets à courir en imaginant la scène que pourrait observer quelqu'un derrière sa fenêtre, un peu comme si une troupe d'enfants fuyait une grosse dame en sueur. Et si je mourrais là, maintenant, est-ce que l'un de ces moutards saurait utiliser un défibrillateur, hein ? mais qu'apprennent donc les parents d'aujourd'hui ? "Madame, on va plus vite que toi !" (ouais ben fais gaffe que je ne te rattrape pas, toi !)

Arrivés à notre destination biblio-tesque, où nous sommes arrivés en avance (eh la jeunesse, tu vois que c'était pas la peine de courir !), on doit patienter un peu, ce qui n'est pas une sinécure avec une quasi trentaine de gamins qui ont des fourmis dans les mollets. La responsable du lieu pousse de grands soupirs bruyants et semble affolée à l'idée que des petits doigts puissent approcher des livres ou regarder de trop près son expo de photos de boites de conserves arty. Je commence à lui lancer des regards mauvais - pas touche à ma couvée ! Heureusement on vient nous chercher. Les copains(ines) de mon fils me lancent des grands sourires quand ils passent à côté de moi - mais ne viennent pas me parler, faut pas pousser non plus, alors que pour certains d'entre eux il m'est déjà arrivé de devoir leur essuyer les fesses après usage de MES toilettes. Je me demande quel effet cela ferait dans les rangs si je leur en faisais la remarque à très haute voix (10 ans de psy chaque mercredi, sans doute), lorsqu'une grande perche se plante devant moi, avec un air de 1ère de la classe : "T'es la mère de qui ??" - "Oui, Bonjour, je t'ai déjà changé les couches à toi, pour que tu me tutoies de la sorte ? Et toi t'es qui ?" Avant que je commence à me crêper les nattes avec une gamine de 7 ans, l'heure de rassembler les poulets autour d'une conteuse arrive. Ouf, je vais pouvoir dormir souffler.

Pendant l'histoire, j'observe de dos les élèves. Marrant comme on a vite fait d'en cerner quelques uns, de repérer les calmes, les assidus, les rêveurs, les agités, les... Eh oh, y en a qui donne des coups de coude à une copine de mon fils, fais gaffe à toi morveux où je vais te faire avaler une toupie beyblade !! De quoi je parlais déjà, ah oui, du bonheur d'être entourée d'enfants sages. Quelle émotion en observant ces petites têtes blondes, en les imaginant s'élancer dans la vie, déployer leurs ailes, fonder des familles, mener des carrières, qui sait, c'est peut-être l'élite de demain que je suis en train de... 
- Madame, j'ai envie de faire caca, tu viens avec moi ?

Je suis un peu plus détendue sur le chemin du retour, après un trajet d'observation les chefs de rang m'ont à la bonne et entreprennent de partager avec moi des considérations sur le goût que peut avoir un asticot croqué vivant. Je promets d'essayer un jour et de leur faire part de mes conclusions. En écoutant d'autres discuter de leur avenir professionnel ("tu vas à quel collège toi dans 3 ans ?") ou encore des mérites respectifs de telle enseigne "Les gâteaux dans cette boulange ils sont trop mortels !" "ah non moi je préfère celle qui est là-bas, y a toujours la queue !", je me dis que la confusion des âges existe aussi.

Arrivés à bon port, la maîtresse me congédie d'un "Mercibeaucoupàbientôt !" sur le pas de l'école qui me laisse décontenancée : Quoi, c'est déjà fini ? Mais je peux pas venir avec vous ? on ne peut pas se quitter comme ça, si ?? libère de mes obligations. Avant de tourner les talons je croise le regard souriant de mon gamin. Je pense que je me porterai volontaire pour la prochaine sortie.

 

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Commentaires
S
Chez nous, c'est mon mari qui accompagnait (même à la piscine....), moi, j'avais l'excuse de bosser plus que lui... Je vendais aussi les gâteaux, comme Ptisa... Plus tard, les filles pourront se plaindre, mais la mère parfaite n'existe pas !
A
Coucou les fiiilllles à Juliette :-D !!! ça me fait plaisir, ça ;-)
J
En réserve depuis 10 jours et tu n'oses pas publier ça !!<br /> <br /> Franchement, je me suis tellement poilée que je l'ai fait lire à mes filles, qui elles aussi étaient pliées en 2 ! Des cartes pokémon à l'acide !!! Où tu vas chercher tout ça ? <br /> <br /> Moi je suis preneuse pour des articles aussi déjantés aussi souvent que tu le veux
C
très drôle ton billet ! <br /> <br /> j'avais fait une sortie avec mon fils, ce qui n'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde..donc j'ai récidivé cette année avec ma fille qui était aux anges que je l'accompagne (j'en ai entendu parler pendant 1 mois avant) ...mais hier soir après une journée de cueillette, j'étais lessivée et je me demande comment les maitresses arrivent à gérer 28 enfants tous les jours !
A
Entre mamans sauvages, on se comprend :-) ...
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