"Vongozero", le road trip post-apocalyptique
Un virus inconnu a décimé Moscou, mettant la capitale en quarantaine et menaçant d'infecter le pays entier. Anna et sa famille tentent de fuir pour atteindre Vongozero, un refuge isolé sur un lac.
Il me semble que "Vongozero" (paru chez Mirobole Editions, une toute jeune maison d'édition à suivre) appartient à ce type de littérature ("Malevil", "La Route") qu'on qualifie de post-apocalyptique (la survie après la catastrophe), et il fait vraiment honneur au genre : il décrit de façon très réaliste, comme si cela pouvait nous arriver demain, la survenue d'une catastrophe sanitaire et nos réactions immédiates : que ferions-nous ? Où irions-nous ? Qui emmènerions-nous ? Qui voudrions-nous sauver ?
Ces questions, Anna, la narratrice, se les pose toutes, et réagit avec toute l'humanité possible : dans ce contexte de survie, lors de ce long et angoissant voyage elle sera amenée à s'endurcir et devenir impitoyable pour sauver sa peau et celle de sa famille. Ainsi, lorsque le groupe s'élargit de voisins, d'amis ou de vagues connaissances, les tensions en chaîne sont inévitables et la méfiance palpable, les repères moraux habituels n'existent plus et l'ordre des priorités change.
Yana Vagner excelle à nous rendre proche son personnage principal, sans sacrifier pour autant les autres (à l'exception des enfants, peut-être, étrangement transparents). On suit avec ferveur leur progression vers la sécurité, rythmée par la crainte des mauvaises rencontres, l'avancée de la maladie (comparée à une vague qui les poursuivrait) et l'obsession du ravitaillement en essence.
La fin de l'ouvrage qui se dévore (quel bon film cela ferait !) nous offre à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle : la mauvaise, c'est que le livre ne se termine pas une fois la destination atteinte, la bonne c'est qu'une suite est en prévision.
{Vongozero, Yana Vagner, Mirobole Editions}
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