Comment font les Filles ?
2015 aura été l'année de la tentative extrême d'être féminine, et pour cause : j'aurai pu annuler mon mariage à force de m'entendre répéter que j'allais être beaucoup regardée et photographiée - oui c'est logique, mais non, je veux pas.
Des semaines auparavant, à la recherche de cette *** robe, me voilà pour la première fois de ma vie à feuilleter des pages mode et arpenter des magasins en me penchant sur des rayons où jamais, jamais je n'avais mis un bout d'orteil. Et de m'intéresser au maquillage, à chercher des coiffures sur pinterest, à solliciter l'avis de mes féminines de copines. Bref, j'étais à mon maximum de fillitude. J'entendais parler de termes très savants et totalement inconnus de ma personne :
brushing des sourcils (hein ?),
crème autobronzante (quoi ??),
coach relooking (plaît-il ???).
J'ai fait des trucs insensés pour la première fois de ma vie - et la dernière : coiffeuse à domicile, manucure-pédicure.
Tout ça je l'ai fait évidemment pour surprendre et plaire à mon futur, qui depuis plus de 20 ans qu'il me cotoie ne me connait qu'en jean-tee shirt-baskets - cela dit, lui qui n'a aucun avis sur la mode, rêve de me voir virer ce vieux trench déchiqueté aux manches et qui a perdu tous ses boutons que moi j'adore parce qu'il me camoufle super bien.
Bref, pour ce jour-là j'ai essayé d'être princesse, enfin femme, enfin le minimum syndical féminin, t'as compris l'idée. Attends, j'ai même mis des boucles d'oreilles, alors hein, pouet pouet.
En recevant les photos du mariage, je me suis pour ainsi dire découverte : j'ai pu voir des centaines de photos de moi, plus qu'en 42 ans d'existence probablement. J'ai vu une nana souriante, qui semblait beaucoup s'amuser (ce qui était le cas). Maintenant, je ne me suis pas forcément reconnue. Pour moi une robe ce n'est pas pratique pour marcher vite dans la rue, les talons ça te nique les pieds et ça s'enfonce dans la terre, le rimmel ça coule, le chignon ça se casse la gueule, les bijoux ça s'accroche, le rouge à lèvres je le bouffe... Le hic c'est que j'ai passé le cap des 40 ans, et qu'un mininum de tenue s'impose, me dit-on (autrement dit : t'as passé l'âge de grimper aux arbres ma cocotte). Voilà ce que je regrette le plus de ma jeunesse : même un air négligé, ça passe pour un look recherché et revendiqué.
Et si le fond du problème c'était surtout de considérer que s'occuper de moi, consacrer temps et argent à me pomponner était une perte de temps ? Cause perdue pour la mode, pas pour les psys.
✾
Photo Ellen von Unwerth