"Démolition" & Emotion
Banquier d'affaires à la vie confortable et lisse, Davis perd sa femme dans un tragique accident de voiture. Malgré son beau-père qui le pousse à se ressaisir, il perd pied...
15 minutes après qu'on lui ait annoncé la mort de son épouse, il se prend la tête avec un distributeur de M&M's récalcitrant et ça devient la grande affaire de sa vie, façon déclic. Le chagrin prend parfois une route étrange. Davis semble ne rien éprouver, ne pleure pas, au point même de douter d'avoir jamais aimé sa femme, et de l'avoir épousée juste parce que ça lui semblait "simple".
Puis il se met en tête de tout démolir : d'abord les objets qui ne fonctionnent pas pour les réparer et comprendre comment ça marche, dans l'idée de reconstruire ensuite - mais évidemment cette étape là ne va pas de soi. Il se met ensuite à détruire pour le plaisir de détruire, et de se faire du mal aussi, seul moyen de ressentir quelque chose, quitte à ce que ce soit de la douleur physique.
Tu l'as compris, c'est une histoire de pétage de cable sous couvert d'une belle métaphore : faire table rase de sa vie en en détruisant tous les murs pour mieux recommencer. On peut trouver ça lourd, on peut regretter aussi qu'en démontant sa vie de couple Davis fasse des découvertes pas sympa, histoire de bien démontrer à quel point il est passé à côté de sa femme.
Jean-Marc Vallée (Dallas Buyers Club, Wild...) signe à nouveau un film magnifique, suggérant avec subtilité l'absence, le manque, le deuil. Jake Gyllenhaal est exceptionnel avec ce troublant masque d'indifférence, la bande originale est à tomber (avec même quelques notes d'Aznavour). Je regrette juste que l'histoire de Karen, une mère dépassée par son fils rebelle chez laquelle il se réfugie - et trouve d'ailleurs un allié de destruction - soit laissée de côté. Reste un très beau film qui invite à regarder autour de soi, à écouter, à ressentir, à prendre le temps.
{Demolition, un film de Jean-Marc Vallée avec Jake Gyllenhaal, Naomi Watts, Chris Cooper...}
★