Frères Ennemis
Avant d'être maman, j'avais l'image d'une famille idéale, et une idée de ce que je souhaitai pour mes futurs enfants, bien évidemment bâtie sur mon propre vécu : je rêvais d'une fratrie complice, qui ne sentirait jamais seule ou abandonnée, et ce pour toute la vie. Mon frère avait 7 ans de plus que moi, va savoir si c'est une explication, quoiqu'il en soit nous n'avons jamais eu l'occasion d'être proches, il m'a littéralement abandonnée aux évènements les plus tristes de ma vie, et c'est peu dire à quel point je me suis alors sentie seule.
Bref. Quand Minimoy est né, je n'ai pas eu l'impression (à tort, probablement) que son grand frère se soit senti jaloux ou lésé. On a toujours pris garde à ne pas le laisser de côté, à l'impliquer, à lui faire sentir les avantages d'avoir bientôt un compagnon de jeu. Et tant que son frère est resté bébé, les choses se sont plutôt bien passé. Lorsque le Minus a commencé à marcher, il s'est mis à scotcher son frère, à le suivre partout, et à l'imiter aveuglément surtout dans les conneries. Le Grand râlait mais je lui expliquais l'admiration que son cadet devait éprouver pour lui - c'est vrai que mon pré-ado-de-9-ans a toujours fasciné les plus petits, est-ce parce qu'ils sentent tous qu'il a une propension à faire tout ce qui est interdit ?
Et lorsque Mini est entré dans le terrible-two, puis le terrible-three, puis le terrible-etc (en fait ça s'arrête jamais, ce truc), ça a été la débandade : il ne se laissait plus faire par les abus de pouvoir, se défendait bec, ongles et hurlements ! Coups, morsures, cris, "Mamaaaaaaaaaaaaaaaaaan !!" à tout bout de champ. La guerre fraticide a commencé et ne s'arrête plus. Lorsqu'ils jouent dans leur chambre, je dois intervenir toutes les 3 minutes, lorsque je les fais manger ensemble je dois rester à proximité pour surveiller et éviter bataille de petits pois et coups dans le dos... et de guerre lasse je finis toujours par séparer, isoler, dans les cris pour l'un, dans les vociférations à l'injustice de l'autre.
Je vois aussi que le manque de confiance du grand le pousse à rabaisser systématiquement le petit, et ça me rend dingue. Je discute, j'explique, je parlemente, rien n'y fait. On fait des activités ensemble, on fait des activités séparées, rien n'y fait. On a vu une psy l'an dernier (pas à ce sujet, mais c'est forcément venu sur le tapis), rien n'y a fait. J'appréhende le matin avant l'école, les repas du midi, le retour le soir... ah oui, en fait tout le temps ! Imagines comme j'ai soufflé hier matin quand ils ont repris le chemin de l'école...
Les seuls moments où ils sont complices, c'est lorsqu'on part par exemple en vacances dans un lieu inconnu, ils se serrent les coudes pendant quelques jours... et dès qu'ils ont pris leurs marques c'est reparti.
C'est l'avenir qui m'inquiète, çe me ferait vraiment de la peine d'imaginer que comme moi leurs liens seraient coupés, j'ai beau savoir qu'au cours d'une vie les relations changent dans un sens ou dans un autre, s'approfondissent ou se distendent... Est-ce qu'on répète toujours la même histoire ?
✩ Boudiou, quelle pipelette ! ✩