Questions pour une championne
Maximonstre a perfidement ourdi sa liste de questions-qui-tuent et me les a toutes balancées en pleine poire à un moment judicieusement choisi, c'est-à-dire sur le chemin de retour de l'école et alors qu'enrhumée jusqu'au trognon mon cervelet baignait dans du gros coton, attention accroches-toi ça va swinguer :
Quand je serais papy j'habiterais toujours avec toi et papa ?
Mais alors à quel âge je devrais partir de la maison ?
Est-ce que tous les papys portent des lunettes ?
Combien j'aurais d'enfants ?
Par où ils sortent les bébés ?
(à ce stade je suis en train de pianoter des textos désespérés au papa : "SOS SOS SOS")
Mais pourquoi les filles elles ont pas de zizi ?
Est-ce que tu m'apprendras à conduire quand je serais papy ?
Bon, première chose à faire en rentrant, une fois mon hyperventilation calmée et avoir vérifié que cette avalanche d'interrogations ne dissimulait pas une tentative de détourner l'attention de l'ennemi (autrement dit j'ai vérifié dans son cahier de liaison qu'il n'avait pas une punition de 25 lignes à recopier du style "Je ne pose pas de questions débiles gênantes à la maîtresse"), lui réexpliquer qu'être Papy c'est pas un plan de carrière, même si j'ai déjà eu droit plusieurs fois à "Quand je serais grand je serais papy parce que Papy il regarde la télé toute la journée" (Très Cher Père, si tu me lis...). Ensuite dégainer des étagères des enfants tous les bouquins éducatifs à base de "Pourquoi ? Comment ?","La vie expliquée aux Nuls" pour essayer de ne pas trop m'empêtrer les pinceaux et embrouiller davantage les idées de Junior. Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement.
Tu as déjà connu ça, ce grand moment de solitude devant la question-qui-tue ?