Il faut qu'on parle
J'étais très pressée de découvrir "The Artist" tant le pari paraissait gonflé, quelle gageure d'arriver à produire un film muet en cette époque où l'on craint tant le vide visuel ou sonore - je voulais aussi y aller rapidement avant d'être blasée par une promo bulldozer. Résultat : une belle surprise ! On a beau le savoir, le début est un peu déconcertant, c'est étrange d'entendre davantage les spectateurs dans la salle que les acteurs à l'écran, mais on s'y fait vite. Autre très bonne surprise : j'ai beau franchement apprécier le comédien, je craignais un peu un festival de Jean Dujardin à coup de grimaces et de figures de claquettes, mais finalement son jeu est bien plus fin que ça - à voir, une séquence absolument délicieuse où il prend peu à peu conscience pendant le tournage d'une scène qu'il est en train de tomber amoureux de sa partenaire.
Le film se veut aussi une une déclaration d'amour au cinéma, un art qui mute en permanence, irrémédiablement, au risque de laisser bien des gens de la profession sur le carreau - parallèle inévitable entre l'arrivée du cinéma parlant et la disparition de la pellicule au profit du tout numérique, obligeant à s'adapter - ou à disparaitre. Beaucoup de nostalgie, pas mal de poésie, un paquet de références et deux-trois longueurs, de quoi passer un joli moment grâce à un film qui sort un peu de l'ordinaire - et c'est déjà énorme.
Vous irez le voir ?
{The Artist, Michel Hazanivicius, avec Jean Dujardin et Bérénice Béjo, actuellement en salles}