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En ce Lundi (parmi tant d'autres), Zaza souhaite qu'on lui parle de nos magazines préférés. Depuis enfant je suis une acharnée des ciseaux, une pro de la découpe, la reine du déchiquetage de journaux. Pour qui, pour quoi ? Plus jeune c'était pour remplir des cahiers entiers de jolies images ou de photos de simili vedettes (on ne disait pas encore people à l'époque des dinosaures), t'as peut-être fait ça aussi ??? Je m'amusais entre autres à faire des fiches genre "Monsieur Cinéma" (si tu ne connais pas, félicitations tu es jeune - et je te déteste) sur les films que je voyais passer à la télé ou au cinéma, je collais les photos de scènes du film découpées dans Télé Poche, recopiais consciencieusement avec mon stylo plume d'écolière et en tirant la langue les résumés et la distribution, puis rédigeais deux ou trois petites lignes de mes avis personnels. Voilà comment je me suis construit une culture ciné toute personnelle - à base de noms de compositeurs de BO totalement ringards (les années 70-80, donc) ou d'acteurs spécialisés dans les seconds rôles disparus à ce jour de la surface de la toile.
Suite logique - et pratique : finies les fiches -, toute mon adolescence a été pendue à la parution de "Première" et "Studio". J'en ai d'ailleurs des piles entières dans mon couloir qui ont fait un nombre pas croyable de déménagements, à me demander ce que je vais bien pouvoir en faire - et croisant les doigts pour qu'au moins l'un de mes garçons devienne un cinéphile enragé qui se prosternera un jour devant sa mère pour avoir conservé des décennies durant des articles collector portant sur des films complètement oubliés.
La maternité m'ayant quelque peu éloignée des salles obscures, Chéri m'a offert un abonnement à un magazine féminin - moi qui n'en n'avais jamais ouvert un, ou alors dans la salle d'attente du dentiste, je me suis entichée de "Elle", pas que je sois franchement dans la cible - honnêtement, le "Spécial Mode", j'en arrache la moitié (non, ne cries pas) pour ne garder que ce qui m'intéresse, c'est-à-dire en premier lieu les pages culture, bouquins-cinoche-musique que je trouve vraiment bien fichues et qui me permettent de ne pas me sentir totalement larguée. La plupart de mes envies de lecture commencent par là d'ailleurs.
J'ai parfois un peu de mal avec l'antagonisme entre les faits de société, souvent très bien traités mais la plupart du temps suivis de pages consacrées à des tongs à 150 euros ou de pubs pour un joailler chez qui ni toi ni moi ne serions jamais autorisées à entrer, même pour regarder. Et j'ai encore plus de mal avec les numéros d'été réduits des 3/4, où visiblement la touche "article programmé" c'est pas que sur les blogs, où les histoires vécues ressemblent à "J'ai couché avec le maçon" et où une Marion Cotillard "sereine-passionnée-rayonnante-au teint irréprochable-au regard d'une pureté irréelle" murmure à l'oreille d'une coccinelle en s'extasiant sur la plénitude absolue d'être maman, ce moment où tout prend un sens (baby blues ? connais pas. Fatigue ? kessecé ?) ça se voit que l'article m'a un peu énervée ?? Pensée à toutes les mamans speedées-crevées-déprimées, m'enfin je suis d'accord qu'on ne risque pas de faire la Une de "Elle" dans ces cas-là. D'ailleurs tant qu'on en parle, à noter la sortie prochaine de l'adaptation par Rémi Bezançon (celui du "Premier Jour du reste de ta vie") du livre d'Eliette Abécassis, "Un heureux Evènement". Bande annonce ICI. The end of the parenthèse.
Malgré tout, je reste fidèle à mon "Elle" et ceux qui ont osé le feuilleter négligemment avant moi s'en souviennent encore (n'est-ce pas Chéri ?!)