Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
C'est quoi ce bazar ?
18 septembre 2013

Les Mots pour le Dire *

20190077

Il y a peu, Chéri et moi regardons ensemble le DVD de ce film - que j'ai d'ailleurs trouvé très bon -, et dont je connaissais d'autant plus l'histoire que j'avais lu auparavant le livre dont c'est l'adaptation ; il y est question (entre autres) de maladie, de mort, de la perte de ceux qu'on aime  - j'étais donc préparée. Je fouille dans mes cahiers et retrouve les (très) longs extraits que j'en ai recopié à l'époque ; l'homme, qui connait parfaitement ma sensibilité, les lit et me demande : "Mais POURQUOI tu as lu ça ?". C'est une question qu'on me pose souvent : "Pourquoi tu lis ça ?", comme on dit "Pourquoi tu t'infliges ça ?". Je réponds : "C'est la Vie. Je ne suis pas la seule à en être passée par là. Mais il y en a qui ont le besoin - et la capacité - de le raconter."

Est-ce si vrai ? Parmi mes livres favoris, en figure un en particulier que je ne pourrai jamais relire, et qu'il m'est en plus difficile de recommander, qui traite également sans fioritures de ces sujets qui me hantent depuis des années (et qui m'ont même amenée dans la salle d'attente d'une psychanalyste). Mais ce pourrait être vrai de n'importe quel thème qui deviendrait un interdit personnel, alors imagines lorsqu'en plus il est question de tabou sociétal - je pense aux films "Amour" ou "Quelques Jours de Printemps" sortis l'an dernier, que j'ai regardé avec la plus grande difficulté, mais aussi avec curiosité (tout sauf malsaine) : comment, de quelle manière parler de ça?...
Est-ce qu'on peut esquiver perpétuellement les sujets douloureux ? Moi qui suis bibliophile, moi qui suis cinéphile, est-ce que je peux éviter à perpét de tomber sur des sujets qui vont à coup sûr me secouer ?  Possible. Mais difficile, à moins de mettre de grosses oeillères.

Alors pourquoi se confronter à ça ? Quel besoin de remuer la souffrance, de titiller la plaie pour qu'elle saigne à nouveau, comme ce film que j'évoquais au début de mon propos et qui m'a tout de même provoqué une sourde angoisse (ma spécialité). "Tu es maso ou quoi ?"
Non, simplement j'éprouve, comme tout un chacun qui trimballe avec soi ses épreuves, ses expériences, ses douleurs, le besoin de me reconnaître dans les mots ou les images d'un autre, quand moi-même je n'ai ni le talent, ni l'énergie pour le formuler. S'y cogner pour mieux comprendre, aussi, peut-être.
Se rassurer d'appartenir à une fraternité, fût-elle de souffrance (j'utilise un bien grand mot, mais tu me comprendras), reconnaître qu'on puisse être tourmenté toute sa vie par les mêmes évènements. Accepter qu'on ne puisse pas les fuir ou les éviter systématiquement. Admirer celles et ceux qui savent l'exprimer mieux que soi. En mots, en images, en musique. Du coup, se sentir un peu moins seule. Merci à eux. 

 

*Titre emprunté à un très beau livre de Marie Cardinal qui lui aussi, m'a marquée en son temps.

Publicité
Publicité
Commentaires
A
Voilà, c'est ce principe d'identification qui remue tant...
L
Oui, il y a certains livres qui remuent terriblement car ils font écho à notre chemin, notre parcours, nos souffrances. <br /> <br /> <br /> <br /> D'autres vies que la mienne, je l'ai lu, je l'ai vraiment aimé, il m'a beaucoup émue mais s'il y a eu un écho chez moi, c'est plus parce qu'il est terriblement "humain" et qu'on peut "se mettre à la place de". Comme l'empathie.<br /> <br /> <br /> <br /> Par contre, il y a quelques semaines, j'ai lu un livre qui m'a profondément remuée. Tout simplement parce que je lisais des lignes qui parlaient de moi, de mon passé, d'un certain vécu. Il m'a fallu un peu de temps pour "digérer".
B
ça fait quelque temps que je suis abonnée à ton blog et je suis sensible à ce que tu évoques, sans le nommer : maltraitance, enfance difficile, parents toxiques ? Je ne sais pas précisément ce dont tu parles mais toutes ces allusions me touchent. Et comme toi je pense avoir besoin de me confronter, j'aime les films et livres (même quand ils traitent le sujet de façon un peu légère) qui détaillent ce que j'appelle le "merdier" dans les familles, et ça me rassure un peu de comprendre que je suis loin d'être la seule. Il arrive même que ça provoque chez moi de violents maux de tête, comme si mon cerveau refusait de laisser passer certains souvenirs. J'ai bien sûr vu un psy pendant quelque temps, avec un mieux, mais j'ai eu l'impression de tourner en rond. J'ai arrêté mais je sens que je devrais peut-être recommencer, je me sens couler un peu quelquefois. J'ai besoin d'aide je pense, et je vais continuer à te lire, et à lire des auteurs qui parlent de familles dysfonctionnelles.
M
Ce post me touche. Il y a moi des livres que je ne veux pas lire. J'en suis là.<br /> <br /> Comme Julie-A je pense que l'histoire de chacun est particulière et qu'il ne faut pas perdre de vue sa propre histoire.<br /> <br /> Mais j'ai adoré lire à une époque deux livres d'Anny Duperey : "Le voile noir" et "Je vous écris", parceque c'est son témoignage et celui des lecteurs, sur le thème de la mort, surtout du chagrin des vivants et que comme tu dis on se sent alors appartenir à une communauté qui souvent tait son chagrin.<br /> <br /> Mais sinon il y a un livre qui raconte une histoire de vie : "Dons" de Nuruddin Farah, je ne sais pas si on peut encore le trouver... Celui-là il me console de tout, il parle d'amour.
J
Bon, encore un post décapant, quand comprendras-tu que tu as du talent au fait ? (je m'égare).<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne suis pas pour titiller les plaies, les ré-ouvrir sans cesse via la lecture ou les films mais plutôt avec un psy pour parler de SON propre ressenti, de SA propre histoire, de SA propre souffrance. ;-)<br /> <br /> <br /> <br /> PS: 3h30 sans courant, 2h de coloriage ! :-D
.
.
.
Publicité
.
.

.
.

.
.
Newsletter
Publicité