Tif
Même quand j'étais plus jeune, fraîche et avec bien des kilos en moins, je ne me suis jamais trouvée jolie ni le moindre charme, en revanche j'avais un seul objet de vanité : mes cheveux. Parce que lorsque j'étais enfant, les mamans de mes copines s'attardaient dessus et en faisaient compliment à ma mère, parce que je me souviens adolescente de son coiffeur lui disant qu'il rêvait de me coiffer. Sauf que je ne voulais pas les couper, je ne les ai jamais coupés, je les ai toujours eu longs, très longs, même trèèès longs ; et la belle affaire d'avoir une belle tignasse, puisque je n'ai JAMAIS su les coiffer.
Et une crinière de sauvageonne à la Manon des Sources, c'est charmant quand tu as 20 ans, mais pour ce qui me concerne, à près de 40 balais je te promets qu'Ugolin il serait un peu moins collant.
Tu me diras "ben coupes tout, et arrêtes de nous enquiquiner !". Ben oui. Sauf que j'ai la phobie des salons de coiffure. Je ne sais pas à quoi c'est dû, je suis mal à l'aise, peut-être de me faire tripoter la tête, de devoir faire la conversation, ou simplement j'éprouve un léger sentiment de confusion à l'idée que quelqu'un soit contraint, fût-il payé, de s'occuper de ma peau (allo Freud ?).
J'ai quand même fini par pousser la porte d'un salon, partagée entre un vague désir de changement (changer de tête = changer de vie ?) et l'envie de me débarrasser d'une crinière encombrante (couper les cheveux = s'alléger d'un poids. Freud, tu réponds pas ?), avec dans les oreilles la rengaine de Chéri que je soupconne de fantasmer sur Raiponce : "Pas trop court hein ? pas trop court, hein ? pas trop court, hein ?"
Après un shampoing somme toute assez agréable, je m'installe devant un foutu miroir absolument énoooorme (il est grossissant, c'est pas possible, dis-moi qu'il est grossissant) que je vais m'efforcer pendant 1/2h de ne plus regarder du tout.
Avant le premier coup de ciseau j'ai une suée, finalement la chevelure c'est comme une protection (Freuuud ? alloooOOOO ???), et si c'est pour qu'on voie MIEUX ce que j'aperçois dans le miroir en face de moi, eh bien c'est pas la peine... Et puis la jeune et charmante coiffeuse se met à couper, elle coupe elle coupe il me semble qu'elle ne s'arrête plus de couper, il faut reconnaitre qu'au fur et à mesure qu'ils sèchent on voit tout de suite la différence, les cheveux ont l'air content... mais qu'est-ce que je raconte ???? ce sont des cheveux, nom d'un p'tit bonhomme !!
Au bout d'un moment la coiffeuse se plante dans mon dos avec un petit miroir pour me faire admirer le résultat et chantonne : "'Ca vous plaiiiit ?", je serre les lèvres pour ne pas laisser échapper un "Heu, c'est fini, là ?" en jetant un oeil de travers vers le miroir - oh-mon-dieu on dirait Pollux du Manège Enchanté !!!! Il ne s'est pas passé 45 secondes entre le moment où elle m'a enlevé la blouse (que j'ai un peu arrachée, en fait), où j'ai filé récupérer mes affaires en voyant du coin de l'oeil le client suivant me suivre des yeux (je te jure sur la tête de ma Godzillette qu'il avait la bouche ouverte, tu peux être sûr qu'il a demandé à ne pas être coiffé par la même jeune fille), payé et suis sortie en rasant les murs, attendant d'avoir passé le coin de la rue avant de mettre mes 2 mains à plat dans les cheveux et de les ébouriffer violemment.
Retour à la maison à une vitesse record, j'attrape ma brosse, tire vigoureusement sur ce qui me reste de tifs et après avoir constaté qu'en séchant ils ont vraiment beauuuuuuuucoup remonté, j'attache le tout avec ma grosse barrette de compét (du moins j'essaye) et je laisse tout comme ça.
Juste le temps qu'ils repoussent d'au moins 10 cm.
Dire que j'ai écrit presque mot pour mot le même article à ma dernière tentative de changement de tête, soit il y a presque... 3 ans !!!!
Et toi tu fais quelle tête quand tu sors de chez le coiffeur ? Satisfaite, déçue, légère, ou bien le-coiffeur-connais-pas ?